Conférence "Les bienfaits de la forêt sur notre santé"

Pourquoi la nature est bonne pour la santé? Comment la forêt agit sur notre corps et notre mental? Nous vous partageons un condensé de notre veille scientifique. Nous sommes de plus en plus une référence à ce sujet. N'hésitez pas à nous contacter pour organiser une conférence: nous adorons ça!


Depuis 40 ans des chercheurs dans différentes régions du monde étudient et révèlent les nombreux bienfaits de la Nature sur notre santé mentale et physique. Si bien que la "Prescription Nature" par les médecins devient une pratique courante dans certains pays.

Depuis quelques années, le nombre de publications scientifiques n'a cessé d'augmenter. La croissance est exponentielle au point d'arriver à plus d’1 publication par jour depuis 2021.Nous les recensons et les lisons régulièrement pour vous. Et nous vous proposons de vous les résumer afin de vous transmettre leurs principaux enseignements.

Puis, pour mettre en pratique quelques-unes des informations reçues, nous vous emmènerons à la rencontre de la nature lors d'une mini-initiation au bain de forêt Shinrin Yoku.

 

  • Lieu: en forêt, ou en vos murs
  • Durée : +/- 3h
  • Nombre de participants : 6 à 100 pers
  • Par groupe.s de 6-10


C’est en prenant soin de la nature que la nature nous soigne !

Esprit Cabane s'engage pour la Journée Mondiale de la Santé 2023 !

 

Notre collègue Nolwenn Lécuyer  fait partie des consultants qui ont participé à la rédaction du Manifeste "Daily Dose of Forest".

 

A l'occasion de la Journée Mondiale de la Santé, AS Adventure a rassemblé quelques experts pour explorer le sujet des bienfaits de la Nature pour la santé humaine.

En guise d'engagement, nous vous partageons ici le texte intégral que Nolwenn a rédigé pour ce manifeste.

 


IV 1 - Les bénéfices environnementaux et sociaux des espaces verts en ville et de leur fréquentation par les habitant.es.

 

Nous sommes aujourd’hui majoritairement coupés de nos rythmes naturels et plus largement de la nature. En milieu urbain, nous sommes entourés de béton, de routes, et depuis 20 ans, nous passons la majorité de notre temps devant des écrans de toutes sortes. Nous n’avons jamais été aussi peu en contact avec la nature, dont nous sommes cependant issu.es et avec qui nous partageons les mêmes structures élémentaires de la vie.
Nous sommes devenu.es des humain.es « en manque de nature » !
Il ne faut cependant pas aller loin pour rentrer en contact avec la nature : dès qu’on passe le seuil de sa porte, elle se trouve souvent à portée de main… ou de pied ! Que ce soit cette fleur qui pousse entre deux dalles du trottoir, cet arbre planté juste devant l’immeuble ou le parc voisin au bout de la rue.


Il suffit donc de mettre ses chaussures, sortir de chez soi et marcher dans son quartier pour y (re)découvrir des coins de nature ! La question de l’accès à la nature pour tous et toutes est une question fondamentale si on souhaite que les citoyennes se mettent en marche et bénéficient des bienfaits de la nature.


Mais rendre la nature accessible, en particulier dans les villes et zones urbaines, cela passe aussi par l’aménagement du territoire et la planification urbaine. Au plus une ville est verte et arborée, au plus elle va favoriser le bien-être et la santé de ses citoyennes, les liens sociaux, la biodiversité et atténuer les effets du climat.


Les paragraphes suivants donnent quelques résultats de recherches sur le sujet.

 


IV 1. 1 - Les espaces verts en ville ou zone urbaine, une clé pour améliorer le lien social mais aussi réduire la violence et la criminalité. De plus en plus de recherches démontrent comme la présence d’arbres, d’espaces verts et de parcs en ville jouent un rôle crucial dans le soutien des systèmes social et écologique urbains.

•    Plus des espaces verts sont nombreux, plus l'espace extérieur est utilisé et plus les activités sociales qui y ont lieu sont nombreuses. Cela apporte la preuve que la nature joue un rôle important dans la création d'une vie de quartier.
•    Les espaces verts publics sont reconnus comme jouant un rôle important chez les enfants et les jeunes pour créer des contacts à travers diverses cultures.
•    Des études récentes ont montré que les personnes habitant dans des zones plus végétalisées se sentaient plus en sécurité, avaient des comportements plus citoyens, moins agressifs et moins violents.

 


IV 2. 2 - Avoir des espaces verts, des parcs en ville augmente la qualité de vie et de notre santé (baisse du stress, lutte contre l’obésité et de l’asthme). Un nombre important d’études existent aujourd’hui dont les résultats présentent le potentiel important que les espaces verts et la nature ont sur le bien-être des citoyens (dont les enfants) et différents aspects de la santé des citoyennes.


•    La proximité d'un espace vert public a également une importance décisive sur le stress, de même que le temps hebdomadaire passé dans les espaces verts.
•    Plus une personne se promène dans les espaces verts, moins elle sera affectée par des maladies liées au stress.
•    L'environnement urbain influe sur le bien-être des enfants, de même que sur leur tendance à jouer et à se développer : au plus l’environnement autour des enfants propose des espaces verts, des terrains de jeux et qu’il est exempté du trafic et préservé de l’hostilité du voisinage, au plus les enfants vont jouer et fréquenter ces espaces verts.
•    L'attention des enfants fonctionne mieux après des activités en plein air, et plus l'aire de jeux de l'enfant sera verte, moins il aura de symptômes de troubles de l'attention.
•    Une étude teste si la verdure et la densité résidentielle sont indépendamment associées aux changements d'indices de masse corporelle des enfants et adolescents. Il ressort qu’une surface de verdure plus importante est associée de manière significative à une baisse de l'indice de masse corporelle et que les enfants et jeunes concernés ont moins de chances d'avoir un IMC qui augmente.

Ces exemples illustrent comme la présence du « vert » - espaces verts, parcs et toutes les plantations comme des potagers, des alignements d’arbres - en ville a des impacts forts et importants sur la santé.

 


IV 3. 3 -  La marche comme mode de déplacement dans les espaces verts en ville et espaces naturels hors des villes

Quoi de plus facile que de se faire du bien et accéder aux bienfaits de la nature qu’en marchant ?

 

Les scientifiques japonais, les professeurs Qing Li et Yoshifumi Miyazaki, sont parvenus à démontrer qu’une marche lente en forêt a des effets physiologiques mesurables sur notre immunité naturelle, notre pouls et notre taux de cortisol (une hormone liée au stress). Le professeur Qing Li, médecin immunologiste et enseignant-chercheur, a pu même mettre en évidence les mécanismes qui permettent aux arbres de renforcer directement notre système immunitaire naturel, et agir ainsi préventivement contre certains cancers.
Cette pratique, le « shinrin yoku » ou « bains de forêt », consiste à marcher lentement et mobiliser tous ses sens par différentes pratiques, souvent proposées par un guide, sur une durée de 3 heures.
Même si les bénéfices ne sont pas aussi marquants qu’en forêt, la marche dans les espaces verts en ville ont aussi des bienfaits démontrés par ces chercheurs. Tout le monde n’ayant pas facilement l’accès à une forêt, c’est plutôt une bonne nouvelle !

Une autre information importante pour encourager chacun.e de sortir quotidiennement et par tout temps, est que marcher tous les jours 30 minutes dans un espace vert, lentement (la lenteur a un rôle important !), s’assoir régulièrement, contempler le « vert » et observer les éléments de la nature, respirer profondément, sont les clés d’un mieux – être et d’une prévention santé.

Au Japon, c’est une nouvelle médecine préventive forestière naturelle qui a été mise en place depuis les années 80 pour inciter les habitantes à renouer des liens forts avec la nature et prendre ces nouvelles habitudes de s’immerger régulièrement en milieu forestier ou dans les parcs urbains.

Dans certains pays, les médecins prescrivent même des « ordonnances nature » dont le prof. dr. Dirk Avonts parle dans ce manifeste. Les résultats des recherches de ces chercheurs japonais ont été le catalyseur depuis les années 2000 de publications croissantes sur ce thème et de lancement de programmes de recherches consacrés aux liens entre la nature et la santé que ce soit aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis, en Corée du Sud, dans les pays nordiques et également… en Belgique !

 

IV 2. Les impacts positifs de renouer des liens forts avec la nature sur la biodiversité et la lutte contre le changement climatique.

 

Outre le fait qu’il y a suffisamment de preuves aujourd’hui pour dire que les environnements naturels ont un impact positif sur tous les aspects de notre  santé, il existe aussi une dimension émotionnelle et affective à renouer des liens avec la nature.


Des chercheurs ont découvert que l’attachement à la nature durant l’enfance est la source de comportements plus éco-responsables à l’âge adulte.
Quoi de plus normal,  si on se rappelle que nous venons de l’expérience de 350.000 générations d’humains qui ont vécu dans la nature avant nous et qui se s’y sont adaptés pour survivre. Le biologique américain Edward O. Wilson, professeur à Havard, parle de « biophilie » pour exprimer ce sentiment de complétude que nous ressentons dans la nature.

 

Nous ne sommes en fait pas fait pour vivre en ville ! Il faut donc « laisser la nature entrer en ville » et retrouver l’usage régulier et quotidien de la marche … c’est le bon moment au vu des enjeux dans le maintien de la biodiversité et la lutte contre le changement climatique.

 


IV 2. 1 - Les villes et zones urbaines : nouveaux espaces de biodiversité
Il n’est aujourd’hui pas rare que la biodiversité soit plus importante en ville que dans certaines campagnes. Le nombre et la variété d’insectes jusqu’à certains mammifères – comme les renards - sont devenus plus importants dans certaines villes (Bruxelles par exemple) que dans nos campagnes faute aux pesticides et à l’industrialisation excessive de l’agriculture qui ont fait disparaitre nombre des habitats et la source de nourriture pour ces êtres vivants.

 

Favoriser le contact journalier des belges à la nature, cela nécessite de laisser la nature entrer dans les villes et permettre à la biodiversité de se déployer.

 


IV 2.2  Les arbres et espaces boisées : nos alliés dans la lutte contre le changement climatique … et dans biens d'autres domaines!  Aujourd’hui encore, nous faisons des découvertes étonnantes au sujet du fonctionnement de l’arbre et des forêts et de leurs effets sur l’environnement, en plus de celles sur notre santé.


L’un des plus importants bienfaits que procurent les arbres à notre environnement est certainement la fonction de purificateur d’air: en produisant l’oxygène que tout être vivant respire, en réduisant les gaz polluants ou encore en captant en partie les fines particules en suspension dans l’air.


En ville, les arbres jouent également le rôle de climatiseur: en diminuant la température ambiante souvent étouffante des villes et en améliorant sa ventilation.


Les arbres améliorent et protègent aussi la structure des sols limitant, entre autres, leur appauvrissement et les risques d’érosion. Ils préservent la qualité de l’eau et régulent l’eau qui y séjourne, réduisant ainsi les risques d’inondation et de débordement des égouts pluviaux.


Enfin, les boisés urbains assurent une fonction essentielle pour le maintien de la biodiversité dans nos villes, par la présence d’une flore et d’une faune qui n’existeraient plus sans eux.


Outre tous ces bénéfices sur l’environnement, ils contribuent pleinement à l’amélioration de notre santé physique et du bien-être psychologique sans oublier leur rôle pour développer la cohésion sociale mais aussi dans l’embellissement des villes et en terme économique.

Au plus nous aurons des arbres et espaces boisées en ville, au plus nous aurons envie de marcher et rester en ville pour bénéficier de leur bienfaits.


Il y a donc un véritable enjeu des politiques des villes à « reboiser et réensauvager » les quartiers afin qu’une majorité des habitantes puissent bénéficier de tous ses bienfaits et renouer à côté de chez eux avec ces environnements verts.
Marcher dans la nature près de chez soi semble être si simple … N’est-ce pas là un prochain défi pour la médecine, le politique et l’urbanisme pour permettre aux citoyennes de se connecter à la nature et de bénéficier de ses bienfaits au quotidien, sans devoir sortir des zones urbaines ?

 


IV .3 -  Renouer avec la nature, c’est apprendre à la protéger, la respecter et en prendre soin…comme elle prend soin de nous   

Que ce soit en ville ou dans des espaces naturels comme la forêt, des réserves naturelles ou en campagne, des règles d’utilisation et de respect des lieux sont en vigueur.
Les citoyennes doivent être conscientes qu’il est indispensable de se renseigner sur ce qui est possible ou pas dans les différents lieux et de les respecter.

En ville, ce sont différentes instances qui gèrent et entretiennent les espaces que ce soit au niveau communal ou régional.
En forêt, il existe le Code du Promeneur avec ses 9 principes:
1. RESTE SUR LES CHEMINS ET SENTIERS OUVERTS A LA CIRCULATION
2. LA CIRCULATION DES VEHICULES A MOTEUR
3. TIENS TON CHIEN EN LAISSE ou laisse-le à la maison.
4. EVITE DE MUTILER LES ARBRES.
5. GARDE-TOI D'ALLUMER DU FEU
6. CAMPER EN FORET N'EST PAS AUTORISE.
7. SOIS PRUDENT EN PERIODE DE CHASSE, RESPECTE LES PANNEAUX D’INTERDICTION :
8. EMPORTE TES DECHETS.
9. LES RIVIERES SONT AUSSI DES LIEUX PLEINS DE VIE
LE DÉCRET


Et dans tout espace naturel sensible ou protégé et parc naturel, ce sont les 7 principes du « sans traces » qui sont à suivre !
(source : Programme Sans Traces Canada )
1.    Prévoyez votre sortie et préparez-vous à l’avance
2.    Utilisez des surfaces durables
3.    Disposez correctement les déchets
4.    Préservez l’environnement
5.    Minimisez l’impact des feux
6.    Respectez la faune
7.    Respectez les autres usagers

Ainsi, c’est en prenant soin de la nature que la nature nous soigne !


Autrice de cet article: Nolwenn Lécuyer


Retrouvez les autres experts du Manifeste "Daily Dose of Nature " d'AS Adventure

 

Bibliographie - Sources et auteurs que nous vous invitons à consulter:

GRAHN, Patrick / STIGSDOTTER, Ulrika A. Landscape planning and stress Urban forestry & urban greening, 2003, vol. 2, p. 1-18 (18 p.).

 

BARBOSA, Olga / TRATALOS, Jamie A. / et al. Who benefits form access to green space ? A case study from Sheffield, UK. Landscape and urban planning, mai 2007, vol. 83, p. 187-195 (9 p.).

 

SULLIVAN, William C. / KUO, Frances E. / DE POOTER, Stephen F. The fruit of urban nature. Vital

neighborhood spaces. Environment and Behavior, septembre 2004, vol. 36, n° 5, p. 678-700 (23 p.).

 

KUO, Frances E. / SULLIVAN, William C. Environment and crime in the inner city. Does vegetation reduce crime ? Environment and Behavior, mai 2001, vol. 33, n° 3, p. 343-367 (25 p.).

 

SEELAND, Klaus / DÜBENDORFER, Sabine / HANSMANN, Ralf. Making friends in Zurich's urban

forests and parks : the role of public green space for social inclusion of youths from different

cultures. Forest policy and economics, janvier 2009, vol. 11, n° 1, p. 10-17 (8 p.).

 

JUTRAS, Sylvie. Allez jouer dehors ! Contributions de l'environnement urbain au développement et au bien-être des enfants. Psychologie canadienne, 2003, vol. 44, n° 3, p. 257-266 (10 p.).

 

FABER TAYLOR, Andrea / KUO, Frances E. / SULLIVAN, William C. Coping with ADD. The surprising connection to green play settings. Environment and Behavior, janvier 2001, vol. 33, n° 1, p. 54-77

(24 p.).

 

LOVASI, Gina S. / QUINN, J.W. / et al. Children living in areas with more street trees have lower

prevalence of asthma. Journal of epidemiology and community health, juin 2008, vol. 62, p. 647-649

(3 p.).

 

BELL, Janice F. / WILSON, Jeffrey S. / LIU, Gilbert C. Neighborhood greenness and 2-year changes in body mass index of children and youth. American journal of preventive medicine, July 2008, vol. 35, n° 6, p. 547-553 (7 p.).

 

FULLER, Richard A. / IRVINE, Katherine N. / et al. Psychological benefits of greenspace increase

with biodiversity. [Les bénéfices psychologiques des espaces verts s'accroissent avec la

biodiversité]. Biology letters, 15 mai 2007, n° 3, p. 390-394 (5 p.).

Li Q. et al, Visiting a forest, but not a city, increases human natural killer activity and expression of anti-cancer proteins. International Journal of Immunopathology andPharmacology, 2008, vol. 21 (1), p. 117-127.

Li Q., Kawada T., Effectsod forest environnements on human natural killer (NK) activity. International Journal of Immunopathology and Pharmacology, 2011, vol. 24 (1), p. 395-445

Park, B.J., Tsunetsugu Y, Kasetani T, Kawaga T, Myazaky Y., The physiological effects of Shinrin Yoku (taking in the forest atmosphere or forest bathing) : evidence from field experiments in 24 forest across Japan. International Journal of Immunopathology and Pharmacology, 2010, vol. 15 (1), p. 18-26

Wilson, E.O.,eds, The Biophilia Hypothesis, Washington DC: Island Press.1993, p.73-137